Les cadoles n’ont pas livré tous leurs secrets

Lancée il y a un peu moins d’un an, l’Association des cadoles de Champagne (ACDC) passe à la vitesse supérieure. Certaines restent encore à découvrir…

Elle soufflera sa première bougie dans un peu moins de trois semaines, mais depuis près d’un an d’existence déjà, l’Association des cadoles de Champagne (ACDC) n’a pas chômé. Si 2023 était l’année du lancement et de la mise en place, 2024 sera celle de l’action. « L’année qui vient de s’écouler a vu la mise en place de l’association. On a surtout fait beaucoup de démarches administratives, surtout pour être reconnu d’intérêt général afin d’être prêt pour le premier anniversaire. Maintenant, on peut prendre les adhésions et recevoir des dons de mécènes » , explique Marie Cousin, la présidente de l’ACDC.
L’association s’est créée en 2022 à la suite de la mission Unesco pour le classement des « Coteaux, maisons et caves de Champagne ». Cette mission qui préserve non seulement les vignes permettant de produire le champagne, visait également à inclure dans cette protection non seulement le paysage mais aussi les maisons de champagne, donc leurs caves et tout ce qui peut graviter autour.
Et il y a un patrimoine vernaculaire qu’on ne trouve que dans une toute petite zone de la Champagne, réparti autour de huit communes désormais : Bagneux-la-Fosse, Celles-sur-Ource, Courteron, Essoyes, Gyé-sur-Seine, Les Riceys, Neuville-sur-Seine et, depuis peu, Polisot.

Ce patrimoine, c’est celui des cadoles. Des abris pour vignerons avec des pierres plates – appelées « laves » – trouvés dans les vignes et qui servaient à les protéger de la pluie, du vent mais aussi des fortes chaleurs. Mais qui ne se trouve que dans cette zone bien délimitée : « C’est vraiment une zone bien particulière centrée autour des sept communes de départ auxquelles s’ajoute donc Polisot qui vient d’en trouver deux. Mais c’est vraiment sur ce périmètre précis. On n’en trouve pas à Bar-sur-Aube ni dans le nord-ouest du département, dans le Sézannais. C’est surprenant mais c’est ainsi. Ça ajoute au mystère… » , poursuit la présidente.

La forêt à remplacer la vigne

Un recensement a été commencé en 2020, justement dans le cadre de la mission Unesco. Et il n’a pas été facile. Car la vigne – ou plutôt son périmètre – a beaucoup changé depuis. « Il faut se remettre dans le contexte des vignes plantées autrefois pour retrouver les cadoles. On a donc pris le cadastre d’aujourd’hui et on l’a comparé à une carte de 1927 qui montrait les parcelles et on a retracé le parcours » . C’est ainsi que près de 150 cadoles ont été répertoriées. Le plus souvent en forêt : « On en trouve parfois dans des secteurs très éloignés du vignoble actuel. Mais là où il y avait de la vigne dans ce secteur précis, il y avait des cadoles. »
Des cadoles qui n’ont pas vraiment d’unité « architecturale », si ce n’est d’être composées d’un empilement de pierres qui forment un arrondi, avec une ouverture pour laisser échapper la fumée si on y faisait un feu. Mais sans ciment ni mortier ou structure en fer pour tenir le tout. « On en a trouvé des petites qui devaient servir aux outils et peut-être pour protéger les chiens. C’est très intrigant. » Certaines avaient des portes, d’autres comme « la merveille » ont même une petite cour à l’avant. Ou le « pain de sucre », un peu plus pointu que les autres. Certaines pouvaient contenir jusqu’à 4 personnes mais pas plus. « Il n’y a pas une cadole qui ressemble à une autre. C’est vraiment une construction empirique avec ce qu’on trouvait sur place. D’ailleurs, dans les villages alentour, beaucoup de toits étaient recouverts de ces laves, ce qui explique la taille des charpentes parfois énormes car elles étaient plus lourdes que des tuiles » , explique, de son côté, Rémi Huth, de l’association, qui a recensé toutes les cadoles autour de Courteron.

Un patrimoine à découvrir

Des cadoles qui sont encore à découvrir et qui se découvrent encore. « On en a découvert à Polisot et aux Riceys. Il m’arrive d’en trouver encore en marchant » , poursuit Marie Cousin. Car le plus incroyable, c’est que tout le territoire s’est pris au jeu et s’est mis à chercher de possibles cadoles recouvertes par la forêt. « Les gens ont pris conscience de ce patrimoine et font tout pour le préserver. Ils préviennent les forestiers qui interviennent dans leurs parcelles. Les gens sont rassurés depuis que l’association existe et que le recensement a commencé, parce qu’avant, il n’y avait pas trop de cadre. »

Un conseil scientifique

Un patrimoine qui reste fragile cependant. Plusieurs cadoles ont dû être restaurées selon les règles de l’art. « Les seuls qui peuvent le faire actuellement, c’est Guy Lazarotti et son fils David. Là aussi, c’est un autre patrimoine et un savoir-faire qu’il faut préserver » , poursuit Marie Cousin.
Et afin de prioriser les restaurations à effectuer, l’association est en train de mettre en place un conseil scientifique qui permettra de déterminer les chantiers les plus urgents, ceux qui sont réalisables ou ceux qui sont plus compliqués : « Si l’association fonctionne bien, on pourra restaurer plus de cadoles mais, hélas, il faut parfois prioriser, même si on a le soutien de la fondation Agir du Crédit agricole et celui de la Fondation du patrimoine. »
Et si vous ne vous sentez pas l’âme d’un découvreur de cadoles, pas grave. Il y en a assez qui sont à découvrir grâce aux sentiers de randonnées balisés. Mais qui sait si au détour d’un chemin en forêt…

Pour adhérer et/ou venir en aide à l’association, vous pouvez adresser :

ACDC (Association des cadoles de Champagne), Mairie des Riceys, 35, avenue du Général-de-Gaulle, 10340 Les Riceys.

Email : cadolesdechampagne@gmail.com

« Là où il y avait de la vigne, il y avait des cadoles. »

MARIE COUSIN, PRÉSIDENTE DE L’ACDC.

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