Rosé des Riceys – « Une année parfaite »
Les Riceys. Les vendanges sont quasiment toutes terminées, mais dans les cuveries, on s’active encore parfois.
Contrairement à l’an passé, cette vendange permet d’espérer une belle quantité de vin rosé des Riceys. Une vingtaine de vignerons sur les 25 producteurs répertoriés, ont déclaré leur intention d’en élaborer.
Car dans les vignes, les raisins sont sains et en nombre suffisant. « Une année parfaite ! » , résume le président de l’organisme de défense et de gestion (ODG) de l’AOC Rosé des Riceys, Arnaud Gallimard, qui faisait une décuvaison, samedi.
« Au fil de nos dégustations, c’est joli et on voit une couleur magnifique. » Arnaud Gallimard, président de l’ODG
Sur les exploitations, les vignerons ont en effet, attendu pour avoir une maturité parfaite ; parfois une semaine après le début officiel de cueillette, le 29 août.
« Nous avons coupé les raisins lundi dernier car la pluie était annoncée, mais en fait on aurait pu attendre encore. J’avais juste un peu peur quand même, qu’avec la chaleur, le raisin cuise. Finalement, il se tient bien » , explique le vigneron Pascal Morel qui se réjouit des 11,5º à 12º au pressoir, la semaine passée. Ce dernier a fait une décuvaison le jeudi après-midi. « C’est en journée, on a de la chance. D’habitude, c’est la nuit », explique-t-il en souriant.
Des conditions imposées
Il faut savoir que les raisins de cépage pinot noir sont coupés sur les coteaux les mieux exposés, les plus pentus, et en appellation rosé des Riceys -350 hectares sur les 866 ha de l’AOC champagne. Ces raisins ne sont coupés que par beau temps. Leur état sanitaire doit être parfait. Parfois il faut trier et ne garder que les plus belles grappes. Cette année, c’est inutile.
« C’est une année facile et on va avoir des super vins ! » Arnaud Gallimard, président de l’ODG
Les raisins ainsi coupés sont acheminés au pressoir où ils sont mis en cuve et légèrement foulés au pied. Ensuite, intervient la surveillance. « On goûte régulièrement et on surveillera d’ailleurs, jusqu’à la mise en bouteille l’été prochain », reprend Pascal Morel qui, grâce à son expérience, va savoir quand il faut décuver – c’est-à-dire stopper la macération en vidant la cuve –, une fois le fameux goût rosé des Riceys obtenu.
Les raisins peuvent alors être délicatement pressés. Le jus va pouvoir être mis en cuve ou en fût, où il sera élevé jusqu’à la période optimale de mise en bouteille.
Entre-temps, en juin prochain, interviendra une dégustation d’agrément par un jury de professionnels, afin de voir si le vin répond aux critères de l’AOC rosé des Riceys. En général, les vignerons attendent au moins trois ans – comme le champagne – pour commercialiser leur production.
Une année de référence ?
Comme 2003, 1989, 1976 ou 1947, le rosé des Riceys 2022 sera-t-il un millésime exceptionnel ? Réponse dans quelques mois pour en avoir la confirmation. «
C’est prometteur en tout cas ! », s’enthousiasme Arnaud Gallimard. « Au fil de nos dégustations, c’est joli et on voit une couleur magnifique. Les raisins étaient superbes et en quantité. Il y a de la richesse en sucre. La maturité organoleptique a été assez rapide. C’est une année facile et on va avoir des super vins ! »
Pascal Morel est également de cet avis. Celui qui n’avait quasiment rien fait l’an passé à cause des gelées de printemps, met en cuve 8 000 kg de raisins pour le rosé des Riceys cette année. Lors de cette vendange, il a fait également sept cuves de 4 000 kg de champagne rosé par macération.
Quant au président de l’ODG, il est content de compter de nouveaux producteurs de rosé des Riceys : « En trois ans, nous avons trois nouveaux producteurs. Preuve que ce vin a un réel attrait. Et je sais qu’il était temps d’avoir une belle récolte, car beaucoup de récoltants-manipulants n’ont plus grand-chose à commercialiser. »
Le vin préféré de Louis XIV, très apprécié aussi de Pierre-Auguste Renoir, dont l’appellation d’origine contrôlée a été instaurée en 1947, a encore de beaux jours devant lui.
Source : Est-Eclair (Sylvie Virey)
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